Invité,
Si tu trouves mon message, c'est que j'ai échoué. Comme toi, j'ai cru avoir loupé le dernier métro, mais un autre est arrivé juste après! Une chance? Non... Loin de là! Tu penses rentrer chez toi tranquillement, te rendre à une super fête, etc. ! Mais tout comme moi tu n'arriveras jamais à destination. Comme des milliers d'autres avant nous, tu vas disparaitre. Pas la peine de regarder autour de toi, les quelques malheureux qui t'accompagnent sont dans le même bateau!

Certains de vos proches vous croiront morts, d'autres vous chercheront en vain, car là où vous allez, ils ont peu de chance de vous y retrouver! Et vous en avez encore moins d'en sortir. Personne n'a jamais pu s'échapper de ce métro, même pas moi puisque tu lis ma dernière lettre. Je dois être mort ou pire encore...

De quel endroit je parle? Je suppose qu'il s'agit d'une autre dimension, mais à vrai dire ce n'est pas le principal. Je vais te raconter mon arrivée dans cet enfer, en espérant que ça puisse t'aider à survivre. Une fois que tu auras lu ce message, laisse-le à portée de vue pour les prochains, car ils arriveront surement et sois humain : aide les autres. Dis-leur au moins de quoi il retourne quitte à passer pour un fou. Plus que cinq minutes, alors je me dépêche!

Lorsque le métro s'est arrêté, je n'ai pas reconnu la station, tout comme les autres usagers. Nous avons attendu que les portes se referment, mais rien ne s'est passé et les lumières du wagon se sont éteintes comme s'il était au terminus. Que faire? J'ai hésité et finalement je suis sorti. Certains m'ont imité et nous avons commencé à chercher une borne d'appels d'urgence. Avec ces métros sans conducteur, c'est vraiment galère!

Une musique, comme celle d'un manège, s'est fait entendre. Elle semblait venir d'en haut et je ne sais pas pourquoi j'ai préféré m'en éloigner. Je me suis mis à chercher une issue de secours au niveau des quais tandis que mes compagnons d'infortune empruntèrent les escaliers mécaniques. Juste au moment où je repérais un local technique j'entendis des cris. Puis des hurlements. Mon sang se glaça dans mes veines. Frénétiquement, je tournais la poignée et poussait la porte, mais elle était bloquée par quelque chose. Au loin, j'entendis des bruits de pas, comme si une vingtaine de personnes dévalaient les escaliers... Or je n'avais compté que huit passagers! J'ai donné des coups dans cette fichue porte qui ne s'ouvrait que centimètre par centimètre. Tout à coup un des mecs qui était avec moi déboula sur le quai en braillant, couvert de sang... un bras en moins! Quelques secondes plus tard, une personne, puis deux, trois... se jetaient sur lui pour le massacrer. J'ai aussitôt détourné les yeux, je n'avais pas l'intention de jouer les héros qui meurent pour rien! Je me suis remis à défoncer cette putain de porte, quitte à me déboiter l'épaule! Par chance elle céda assez pour que je me glisse à l'intérieur et referme avant d'être repéré. L'agonie de l'inconnu cessa, demeura les cris de joie des fous furieux. Et moi, je m'étais pissé dessus... J'ai attendu là des jours, terrifié. C'est la faim et la soif qui m'ont fait ressortir.

Aujourd'hui, je crois bien que cela fasse trois ans que je suis coincé dans ce merdier. D'autres m'y ont rejoint malgré eux. Nous nous sommes organisés et nous essayons de nous débarrasser des « Furieux », mais ils sont toujours aussi nombreux et il est impossible de savoir d'où ils sortent. Certains parmi nous pensent qu'il s'agit de démons et que nous sommes en enfer! Va savoir! En tout cas je ne supporte plus d'être ici et j'ai décidé de tenter le tout pour le tout.

Invité, tu arrives bientôt à destination. Pour mes camarades, il est impossible de savoir quand vous arriverez alors il se peut que vous n'ayez pas de comité d'accueil. Dans ce cas, courrez le plus vite possible à l'étage et prenez la direction des galeries marchandes à droite. Bonne chance à vous!